• EVENEMENT D’AUTOMNE

    Notre dernière exposition proposée durant la Fête des Palhas à Massiac

    Evènement incontournable avant l’hiver, la 28ème fête de la pomme et des Palhas les 26 et 27 octobre à Massiac accueillera notre exposition qui a connu un grand succès cet été : "Du grain au (...)

  • RENCONTRE PASSION

    80 personnes ont participé à une belle soirée littéraire avec l’écrivaine Marie Hélène Lafon

    Dans le cadre des rencontres occitanes du Pays de Massiac, l’Association intercommunale Cézallier vallée de la Sianne a organisé une soirée-échange avec l’écrivaine Marie-Hélène Lafon à la salle (...)

  • PRATIQUES DE BATTAGE DES CEREALES

    Techniques et petites machines pour battre (2)

    Avant l’utilisation des premières mécaniques facilitant la séparation des grains de l’épi, les paysans ont utilisé des versions variées de méthodes et d’outils agricoles : le chaubage, la forme (...)

  • PRATIQUES DE BATTAGE DES CEREALES

    Le fléau, instrument rudimentaire mais décisif (1)

    Après la récolte des céréales dans les champs tout reste à faire. Le battage des céréales était une opération incontournable consistant à séparer les graines de l’épi. Au fil du temps les (...)

  • Les quatre cloches de Saint Pancrace (3)

    Les cloches en activité dans le clocher de l’église Saint Pancrace sont au nombre de quatre. C’est le seul clocher de la vallée de la Sianne qui a reçu une cloche durant le XXème siècle.

  • TABLE D’AUTEL

    L’autel néo gothique de l’église d’Auriac

    L’autel de l’église Saint-Nicolas d’Auriac est un bel exemple du mobilier néo-roman. La façade de la table d’autel est ornée de cinq arcades de style roman reposant sur des colonnettes entre (...)

  • RAMASSER LA MOISSON

    Le char de la moisson (6)

    Indispensable dans la vie agricole d’autrefois, le char à quatre roues, ou char à échelles, était le moyen traditionnel utilisé pour le transport des gerbes de céréales jusqu’à la ferme. (...)

  • RAMASSER LA MOISSON

    La mise en pignon ou plangeou (5)

    Après la création des moyettes, les moissonneurs formaient des pignons de gerbes, chacun correspondant environ au contenu d’un char. Pour les réaliser on rangeait les gerbes à plat sur le sol, (...)

  • RAMASSER LA MOISSON

    Le traîneau à céréales (4)

    Le traîneau ou lège tiré par la force motrice des bœufs participait sur certaines grandes surfaces moissonnées à rassembler les gerbes de blé nécessaires à la confection d’un pignon. Il (...)

  • RAMASSER LA MOISSON

    Le liage des gerbes (2)

    Quand le blé était coupé et mis en javelles, on procédait au liage des gerbes bien sèches au fur et à mesure. On liait les gerbes car sans cette opération la manipulation de la moisson aurait (...)


Patrimoine
Le Sacré
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Les Tumulus

La vallée de la Sianne est entrée dans le monde de la Protohistoire en 1962, après la découverte par deux enfants de Lair et du Voègue de tertres funéraires.

ARCHEOLOGIE
La difficile datation des tumulus protohistoriques
La difficile datation des tumulus protohistoriques

Les découvertes archéologiques de la vallée de la Sianne ont énormément contribué à établir les étapes chronologiques d’utilisation des tertres funéraires en Haute-Auvergne, notamment à partir des recherches et des fouilles sur les communes de Laurie et de Vèze sur les bords du Cézallier.

La chronologie de tumulus protohistoriques de Haute-Auvergne non définitive établie par les archéologues est fondée sur un corpus de 38 sépultures livrant du mobilier et qui appartiennent à différentes étapes chronologiques de l’âge du bronze et du 1er âge du fer (1)

Les archéologues rappellent toutefois que compte tenu de l’acidité des sols, seules les inhumations associées à du mobilier non périssable sont susceptibles d’être identifiées et datées. Les scientifiques restent donc prudents car certaines étapes d’utilisation des tumulus peuvent ne pas être documentées faute de matériels déposés. Par ailleurs, certains contextes stratigraphiques de diverses découvertes ne sont pas suffisamment documentés. Il faut cependant reconnaître l’apport exceptionnel constitué par les fouilles récentes concernant principalement la région d’Allanche et les nécropoles de Lair de Laurie et de la Croix de Baptiste à Vèze.

Cinq périodes pour les tumulus

La première période d’édification et d’utilisation à des fins funéraires de tumulus non mégalithiques en Haute-Auvergne correspond au bronze ancien et semble déborder sur le début du bronze moyen. Deux sépultures matérialisent cette période. Il s’agit du tumulus du Suc des Demoiselles à Vebret qui a été fouillé avant 1820 et qui a livré un poignard à lame triangulaire et une poignée en bronze. Une seconde sépulture a livré un dépôt funéraire attribuable à cette même période lors de la fouille du tumulus N°1 de Lair de Laurie en 1961.

Si la deuxième période d’utilisation à des fins funéraires des tumulus est encore difficile à caractériser estiment les archéologues, elle est toutefois représentée par une crémation déposée en urne mise à jour dans les niveaux superficiels du tumulus N° 20 de Lair de Laurie, fouillé Par Philippe Simon. Elle peut être attribuée au Bronze final selon le Professeur Milcent.

La troisième période a été estimée à partir d’un hiatus documentaire de dix sépultures se rattachant au Hallstatt ancien.

Le Hallstatt moyen qui représente la quatrième période d’utilisation des tumulus en Haute-Auvergne a pu être identifie à partir de sept sépultures documentées.

La cinquième période d’utilisation des tumulus protohistoriques de Haute-Auvergne correspond au Hallstatt final identifiée par huit sépultures découvertes dans l’est et l’ouest du Cantal.

Durant La Tène ancienne, l’utilisation des tumulus à des fins funéraires se prolonge en Haute-Auvergne, mais de façon très anecdotique, puis disparaît.

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Sources : rapport de prospection thématique avec sondage 2019 sous la direction de Fabien Delrieu.

PROTOHISTOIRE
Laurie : un ensemble archéologique unique en France
Laurie : un ensemble archéologique unique en France

Les sites de Tumulus du bassin versant de la Sianne figurent désormais sur les cartes archéologiques et sont considérés comme les plus importants de France. Des fouilles épisodiques ont révélé une partie des secrets de cet ensemble funéraire de l’Auvergne protohistorique.

La découverte du premier Tumulus de Lair sur la commune de Laurie en 1962, a été à l’origine de la mise à jour d’autres grands groupements de tertres funéraires sur l’ensemble du territoire proche de la vallée de la Sianne : à Anliac (Laurie), La Rochette (Auriac), Fondevialle (Molèdes), la Coharde- Haute (Molèdes), Chavagnac-La Borie grande (Auriac)... Ces sépultures concentrées dans la Vallée de la Sianne démontrent son peuplement dès 1500 ans avant notre ère.

Des objets et du mobilier archéologique retrouvés dans les Tumulus sont présentés dans des musées prestigieux : brassards, bracelets, anneaux de fer, perles en verre, céramiques, urnes de terre cuite...

Mais, force est de constater que ce fabuleux patrimoine a été peu valorisé, que rien n’a été créé sur place pour présenter ce peuple de bâtisseurs de tumulus de Haute-Auvergne, sa vie quotidienne, ses traditions, les mentalités, les pratiques funéraires.. Assurément un patrimoine prometteur et probablement des découvertes archéologiques pour les générations futures de chercheurs.

SITE DE LAIR (LAURIE)
Les traces de labour révèlent des pratiques agricoles
Les traces de labour révèlent des pratiques agricoles

Grace aux fouilles, les scientifiques ont été amenés à formuler des hypothèses sur le peuplement de la Haute-Auvergne. La découverte récente de traces de labour sur le plateau de Lair de Laurie a interrogé les archéologues. Jean Guilaine, dans son livre "Pour une archéologie agraire " s’interroge (extrait) :

"Les observations qui ont conduit à formuler l’hypothèse, dans le Massif central, de labours préhistoriques ont été faites sur le plateau de Lair, dans la commune de Laurie... Un certain nombre de ces sépultures ont pu être étudiées par Jean-Paul Daugas et par Pierre Simon.

Sous plusieurs tertres funéraires, ces chercheurs ont constaté la présence de dalles imprimées de rainures, celles-ci souvent de sens identique mais quelquefois de direction croisée. Après réflexion, ils ont interprété ces sillons comme les traces de coups de socs reçus par les plaques rocheuses situées à la base des sédiments labourés. Comme ces dalles incisées ont été rencontrées sous des tumuli datés par leur mobilier de la phase moyenne de l’âge du bronze, on peut penser qu’elles sont le témoignage de pratiques culturales forcément antérieures : Néolithique, débuts de l’âge du bronze, voire, plus probablement, période ayant précédé d’assez près dans le temps l’aménagement des tertres funéraires...

Une observation plus attentive de la répartition des tertres du plateau de Lair montre qu’il existe en fait, d’ouest en est, trois groupements principaux de sépultures. L’analyse fine du contenu des tombes semble indiquer une chronologie interne de l’ensemble de la nécropole qui traduirait assez fidèlement un décalage dans le temps des trois ensembles signalés...

On peut donc émettre l’hypothèse de secteurs successivement habités et mis en culture alentour, puis abandonnés au profit d’une petite nécropole tumulaire. Cette délocation successive des habitats et de leurs champs et le remplacement par des cimetières de tertres est suggestive. Elle semble corroborer l’existence d’un modèle d’exploitation agricole qui aurait fait se succéder dans le temps une phase de déforestation, une phase d’habitation et de mise en culture, puis, après constatation d’une baisse de la rentabilité agricole sur des sols pauvres et peu épais, une modification de l’emplacement habité et la transformation des lieux en nécropole..."

Edition Armand Colin

AURIAC-L’EGLISE
Nécropole protohistorique de La Rochette
Nécropole protohistorique de La Rochette

La nécropole protohistorique de la Rochette rassemble une trentaine de tumulus sur un éperon basaltique qui domine le hameau de la Rochette. Il s’agit de tertres funéraires de l’âge du bronze et du 1er âge du fer (1000-1500 avant notre ère).

Implantée sur un petit éperon barré facilement accessible, la nécropole de la Rochette sur la commune d’Auriac-l’Eglise, si elle déçoit lorsqu’on s’y rend, est pourtant un ensemble exceptionnel selon les archéologues.

Elle aligne en effet ses petits tumulus comme des tombes d’un cimetière. Malgré que ces tertres sont écrêtés par le temps (près de 3000 ans) et deviennent de moins en moins visibles, l’ensemble de la nécropole présente un caractère scientifique important de par sa conservation et son emplacement et par le groupement rare des sépultures de cette époque sur une si faible surface.

GLOSSAIRE
Vocabulaire de l’archéologie
Vocabulaire de l’archéologie

Paléolithique, néolithique, âge du Bronze, âge du fer, tumulus, tombelles, fibule, inventeur, ....le vocabulaire de l’archéologie mérite quelques explications pour comprendre le fabuleux patrimoine de la protohistoire dans le sol de la vallée de la Sianne.

 

AGE DU BRONZE : Période de la protohistoire qui s’étend d’environ 2100 à 860 avant notre ère, caractérisée par l’introduction et le développement de la métallurgie.

AGE DU FER : Période qui suit l’âge du bronze et qui dure jusqu’à la conquête de la Gaule par César en 52 avant notre ère.

FIBULE : objet en fer qui servait à maintenir les vêtements. Leur découverte aident les chercheurs à la datation des niveaux archéologiques. Des fibules ont été découvertes dans les tumulus de Lair.

FOUILLE ARCHEOLOGIQUE : Il existe deux types de fouilles ; la fouille préventive qui est provoquée par l’existence de menaces de destruction sur l’emplacement concerné et la fouille programmée qui est motivée par des recherches scientifiques.

INVENTEUR : on appelle inventeur d’un site archéologique une personne qui en a effectué la découverte. On peut donc considérer que les deux enfants Gilles Morel et Jacques Roche sont les inventeurs des tumulus de Lair de Laurie

LA TENE : Période qui caractérise le deuxième âge du fer, environ 500à 450 avant notre ère.

NEOLITHIQUE : Cette période comprend trois sous-périodes. Le Néolithique ancien de 5600 à 4800. Le Néolithique moyen de 4800 à 3500. Le Néolithique final de 3500 à 2800. Cette période est caractérisée par de nouvelles pratiques comme l’agriculture et la fabrication de céramiques. On en trouve des traces dans la Vallée de la Sianne.

PALEOLITHIQUE : Période qui va de l’apparition de l’homme, il y a 3 millions d’années en Afrique et un million d’années en Europe, à la fin de la période glaciaire vers 8000 avant notre ère

PREHISTOIRE : Etude de l’homme et des civilisations humaines avant les témoignages écrits.

PROJET COLLECTIF DE RECHERCHE : étude sur un sujet défini par plusieurs personnes susceptibles d’être encouragée par un aide de l’Etat ou des collectivités. C’est le cas actuellement pour les sites de Lair et de la Croix de Baptiste à Vèze.

PROSPECTIONS : recherches pour repérer les sites archéologiques dans un territoire donné. Il y en a eu beaucoup dans la Vallée de la Sianne.

PROTOHISTOIRE : Les archéologues situent cette période de la fin du 3ème millénaire avant notre ère à la conquête romaine en Europe et qui comprend l’âge de bronze et l’âge du fer. Cette période concerne particulièrement les sites de Tumulus de la Vallée de la Sianne.

SONDAGE : fouille de quelques mètres carrés pour vérifier l’existence d’un gisement archéologique.

TUMULUS : Tertre circulaire plus ou moins volumineux, d’une quinzaine de mètre de diamètre et d’une hauteur moyenne en Auvergne de 1,50m abritant les restes d’incinération humaine. Ils sont constitués de pierres prélevées sur place, en général des dalles de basaltes, et de terre de remplissage. L’érosion au cours des siècles ne laisse apparaître aujourd’hui que des buttes en partie gazonnée. Il y en a des centaines sur le territoire de la Vallée de la Sianne.

VEZE
Fouilles archéologiques à la Croix de Baptiste (2002)
Fouilles archéologiques à la Croix de Baptiste (2002)

Le tumulus du col de la Croix de Baptiste (Vèze) a été fouillé minutieusement l’été 2002,par une équipe de l’université de Toulouse-Mirail. Les travaux ont permis de récolter des informations importantes sur la population sédentaire de l’âge du fer lors de la mise à jour d’une sépulture de femme.

Durant l’été 2002, une équipe de jeunes archéologues ont procédé à la fouille d’un imposant tumulus au col de La Croix de Baptiste. La tombe était à l’origine d’une hauteur de 2 mètres et d’un diamètre de 14 mètres.

Coordonnée par le professeur Pierre-Yves Milcent, de l’Université de Toulouse-Mirail, les fouilles ont permis de dégager la sépulture d’une femme dont les morceaux de tissus attestent que son corps était enveloppé dans un linceul. Une poignée d’épée a également été retrouvée sur le site.

Cette découverte majeure confirme la thèse qu’il existait à l’époque de l’âge du fer (800 à 450 ans avant notre ère) une population sédentaire sur le Cézallier et pas seulement de transhumance. 

MOBILIER ARCHEOLOGIQUE
Des trésors inestimables découverts
Des trésors inestimables découverts

Dans les tumulus de la vallée de la Sianne et sur tout le territoire du Cézallier oriental, un mobilier archéologique important a été mis a jour à la suite des fouilles archéologiques, réalisées notamment avec de jeunes amateurs encadrés par des archéologues.

LAURIE
La découverte des tumulus de Lair (1962)
La découverte des tumulus de Lair (1962)

Commune du versant oriental du Cézallier, Laurie n’avait pas de passé historique de grande ampleur. Un jour de l’année 1962, suite à une bétise de deux gamins de l’école publique d’Auriac-l’Eglise,la petite commune du Cantal va entrer dans le monde de la protohistoire et figurer par la suite sur les cartes archéologiques nationales.

Deux enfants des hameaux de Lair et du Voueygue, Gilles Morel et Jacques Roche, élèves de CM2 de l’école publique d’Auriac-l’Eglise, formés à l’étude du milieu à partir des techniques Freinet, portaient un grand intérêt à la Préhistoire. Ils firent la relation entre ce qu’il avaient appris et leur environnement. Cette grosse butte qui dominait le hameau sur le plateau ressemblait bien à ces Tumulus dont leur avait parlé leur instituteur, monsieur Alphonse Vinatié.

Un jeudi, muni de pioches et de pelles, il ont voulu satisfaire leur curiosité et fait ce qu’il ne fallait pas faire (la loi de 1941 sur l’archéologie interdisant les fouilles). Ils ont cratérisé le tertre funéraire et trouvé des fragments d’ossements et des morceaux de céramiques qu’il ont apportés à l’école. Car c’était bien une tombe protohistorique de 3500 ans que le deux gamins avaient mis à jour Cette découverte allait marquer le début de « l’histoire des tumulus de Lair » et de la Haute-Auvergne.

Le tumulus ouvert par Gilles Morel et Jacques Roche n’était pas le seul. Une prospection menée avec passion par monsieur Alphonse Vinatié a montré qu’il appartenait à une longue nécropole qui débute sur les hauteurs de Blesle et va s’achever aux Brèches de Giniol (1269m),point culminant du Pays de Massiac, jalonnant un chemin millénaire de transhumance. Tous les chercheurs qui ont travaillé sur le site s’accordent à considérer la nécropole de Laurie comme exceptionnelle par sa durée (plus de 1000 ans), par les beaux objets retrouvés et la qualité de conservation des tumulus.

Une découverte qui provoque des fouilles officielles

Les fouilles menées successivement par messieurs Alphonse Vinatié, Poinsot, Joseph Vital, Philippe Simon ont livré une partie des secrets de l’ensemble tumulaire même si peu de tertres ont été fouillés ces quarante dernières années. Tous les trésors archéologiques retirés des tumulus (bracelets en bronze, brassards, fibules en fer, urnes, pointes de flèches...) sont désormais éparpillés dans les musées d’archéologie, dont le prestigieux Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en Laye.

La stupéfiante découverte de Laurie en 1962 a été a l’origine de la mise au jour de centaine d’autres tertres dans la Vallée de la Sianne, la région de Massiac et d’Allanche, et dans tout le Cantal. La forme des tumulus, leur implantation sur les plateaux basaltiques, sur les « serres », les « chaux » ont servi de références pour les recherches des prospecteurs, pour leur recensement, leur datation.

En 2001 des fouilles épisodiques des tumulus de la vallée de la Sianne ont repris, notamment sur la commune de Vèze. Et un jeune chercheur (Fabien Delrieu) a procédé en avril 2002 a une cartographie minutieuse des nécropoles à l’aide d’un GPS.

 

Sur la photo lors d’une fouille non autorisée : Gilles Morel, Christian Tardieu, Jacky Roche, Michel Tissidre

TEMOIGNAGE DU DECOUVREUR
Nous recherchions le veau d’or dont parlait la légende"
Nous recherchions le veau d’or dont parlait la légende

Gilles Morel peut être considéré comme un découvreur. Et comme souvent, les découvertes ouvrent des perspectives insoupçonnées. Deux copains sensibilisés à l’histoire par leur instituteurs vont faire une grosse bétise. Ils ont découvert un immense site archéologique de tumulus. Il n’en reviennent pas encore, plus de 60 ans après.

« On entendait parler dans la famille de buttes de terre sur le plateau de Lair, sous lesquelles il y avait un trésor, une légende du veau d’or était attaché au lieu depuis fort longtemps et ça marquait les esprits » rapporte Gilles, toujours ému et prêt à raconter son aventure de l’année 1962, alors qu’il avait 10 ans.

« Notre instituteur, monsieur Alphonse Vinatié nous avait donné le goût de la recherche et de l’histoire grâce à l’étude des milieux, et lorsqu’il a évoqué les tombes de la préhistoire, çà m’a donné des idées. Sur le chemin du retour, après une journée de classe à Auriac l’Eglise, j’ai décidé mon copain Jacques à fouiller une grosse butte sous laquelle pouvait bien se trouver ce fameux veau d’or. Le lendemain, un jeudi, muni d’une pelle et d’une pioche, on a commencé par un coin de la butte. Mais au bout d’un moment on a vu que c’était un travail difficile. Alors, on a décidé de creuser par dessus. Très vite on est arrivé à des fragments d’ossements et à de la cendre. Puis, on a découvert un joli pot en terre cuite, mais qui s’est totalement désintégré en le saisissant. Grosse déception bien sûr. Par la suite, on a trouvé des morceaux de céramiques.

L’instituteur mis au courant

Notre maigre trésor se retrouva quand même dans un sac pour le montrer à l’école. Jacques et moi nous étions très fiers d’avoir trouvé ces vestiges d’autrefois, mais sans en mesurer les conséquences. Le lendemain nous remettions à notre instituteur le fruit de notre découverte. Il fut intéressé, mais on voyait bien qu’il était inquiet. Nous avions fait un acte interdit par la loi de 1941 sur l’archéologie. Aussi, monsieur Vinatié informa l’inspecteur d’académie sur cette découverte et demanda une autorisation de fouille urgente. Celle-ci arriva quelques semaines plus tard.

Ainsi, tous les jeudis, pendant quelques mois, encadré par une équipe spécialisée, quelques élèves motivés de la classe ont fouillé ce qui était un tumulus de plus de 3000 ans. De nombreux objets ont été récupérés : fibule en bronze, perles de nacre, bouts de flèches en silex... Notre découverte marqua le début des fouilles du site de Lair de Laurie.
Aujourd’hui, lorsque je me promène sur le plateau de Lair, j’aimerais vraiment voir fouiller les gros tumulus de chefs. Cà doit être plein d’objets intéressant là-dedans..."

LAURIE
Les fouilles sur le plateau de Lair
Les fouilles sur le plateau de Lair

Les fouilles des tumulus engagées sur le plateau de Lair de Laurie à la suite de leur découverte en 1962 par deux enfants avaient comme objectifs de mettre à jour les structures, c’est-à-dire la stratigraphie et de retrouver le matériel archéologique avec son emplacement exact, précisé par des coordonnées topographiques. Explications


Carte dressée par Alphonse Vinatié montrant une implantation massive de Tumulus

Dans une fouille, chaque petit détail avait son importance expliquait volontiers Alphonse Vinatié. Un journal de fouilles était tenu chaque jour à chacune des trouvailles. Coupes, croquis, photos, graphiques, complétaient le travail des fouilleurs.

Ce travail de fouille des tumulus, minutieux, parfois décevant, comprenait différentes phases.

- Le relevé topographique avec courbes de niveaux et photos avec jalon-témoin.

- Le carroyage en mètres carrés et la délimitation des quadrants et témoins en croix à laisser jusqu’à la fin des travaux pour revoir la stratigraphie notée au cours des fouilles.

- Le décapage couche par couche de chaque quadrant. D’abord la quadrant A, puis le B, C, D. On s’efforçait de réaliser une bonne notation des structures, de mesurer des coordonnées de trouvailles, de prendre des photos en place des objets. Le décapage se faisait au pinceau ou au grattoir. Les déblais étaient tamisés évidemment.

- Le rapport de fouilles était transmis au correspondant régional des Antiquités préhistoriques qui le communiquaient par la suite au directeur des Antiquités.

Ces fouilles furent faites après autorisation du Ministère des Affaires culturelles et les propriétaires des terrains.

TEMOIGNAGES
Alphonse Vinatié, l’archéologue des tumulus (1924-2005)
Alphonse Vinatié, l’archéologue des tumulus (1924-2005)

Natif du village de Vèze à l’amorce de la vallée de la Sianne, Alphonse Vinatié fut un instituteur pédagogue durant de nombreuses années à Auriac-l’Eglise et un utilisateur convaincu de la méthode Freinet. Il fut aussi secrétaire de mairie, archéologue rigoureux, conférencier infatiguable... Le pays lui doit beaucoup. Alphonse Vinatié est décédé en février 2005. Témoignages à l’occasion de sa disparition.

Une démarche exemplaire

"Dès 1962 il a débuté des fouilles archéologiques à Lair de Laurie, révélant ainsi l’existence d’une vaste nécropole tumulaire de l’Age du Bronze et de l’Age du fer. Dès lors, il n’a eu de cesse, en lien avec les directeurs de circonscription et les conservateurs régionaux de l’archéologie successifs, de multiplier les efforts pour faire partager sa passion.

Tout d’abord en accueillant et en contribuant à former la jeune génération d’archéologues...Plusieurs de ces émules sont, d’ailleurs, devenus de vrais professionnels de l’archéologie. Ensuite, en appelant régulièrement l’attention des spécialistes, par de nombreuses publications dans les revues savantes régionales ou nationales, sur la richesse et l’originalité du patrimoine Cantalien.

Enfin en prospectant inlassablement les plateaux du Cézallier à l’Aubrac, il a découvert des milliers de tumulus et de tombelles protohistoriques, montrant la présence de nécropoles structurées liées à des voies d’estive et à des habitats remparés. On lui doit la connaissance de ce qui est aujourd’hui devenue une évidence aux yeux des archéologues : le Cantal est le premier département français pour le nombre de ses tertres funéraires, souvent édifiés dès le Bronze moyen et parfois réutilisés jusqu’à l’époque gallo-romaine.

Pédagogue il a sensibilisé ses élèves à la sauvegarde de ce patrimoine fragile mais aussi, connu et estimé dans le milieu, les agriculteurs et les éleveurs, et jusqu’aux élus locaux ont eu à répondre à ses interpellations en la matière..."
Jean-Pierre Daugas
Conservateur général du patrimoine,
Inspecteur général de l’archéologie

L’histoire considérablement enrichie

"L’archéologie cantalienne doit un lourd tribut à Alphonse Vinatié. Par ses longues et patientes recherches de terrain, il a découvert et recensé près de cinq cents sites archéologiques appartenant à toutes les périodes de l’histoire de l’humanité. Peut-on imaginer les dizaines de milliers d’heures passées à arpenter sans relâche les plateaux Cantaliens et à étudier des vestiges souvent ténus, à localiser les découvertes... Grâce aux recherches d’Alphonse Vinatié, notre connaissance historique de cette région se trouve donc considérablement enrichie.

L’un des aspects les plus importants du travail d’Alphonse Vinatié concerne la période protohistorique, avec des révélations de ces centaines de tumulus qui couvrent les hautes terres....La documentation historique rassemblée par Alphonse Vinatié est aussi un précieux outil pour la protection du patrimoine. Les sites archéologiques désormais connus et identifiés, peuvent faire l’objet de mesures de protection par les services de l’Etat responsable de la gestion du patrimoine archéologique.

Ajoutons qu’Alphonse Vinatié n’est pas un égoïste. Il a su faire profiter de ses découvertes d’autres chercheurs qui se sont penchés à leur tour sur certains des gisements qu’il a inventoriés...Les sites qu’il a découvert sont autant de promesses d’application pour les archéologues de demain qui poursuivront le message historique d’Alphonse Vinatié".
Frédéric Surmely,
Conservateur du patrimoine

Un enseignant passionné

"Ne pas vivre dans le passé, mais au contraire mieux connaître celui-ci, pour mieux vivre l’avenir, pourrait être la devise d’Alphonse Vinatié qui, au delà de son métier d’enseignant a su, chaque jour, faire partager ses connaissances sur l’histoire de cette région du nord du Massif Central..."
Alain Marleix,
Député du Cantal,
Conseiller Général, Maire de Massiac

Un travail remarquable

..."Le travail remarquable mené par Alphonse Vinatié, fruit de patience et de passion, est un modèle du genre. Le recensement des sites, leur intégration dans l’environnement permet aujourd’hui d’appréhender l’histoire du peuplement de cette région..."
Luc Tixier,
Directeur des Antiquités Préhistoriques
et Historiques d’Auvergne

Un homme porteur de mémoire

Avec la disparition d’Alphonse Vinatié en février 2005, la Haute-Auvergne a perdu un pédagogue et un chercheur infatigable. Son pays, il l’aimait, pas seulement parce qu’il était natif de Vèze, mais parce qu’il lui a donné des moments passionnants dans sa vie professionnelle d’instituteur et de chercheur rigoureux.
Nous l’avions interrogé sur ses nombreuses années passées à Auriac-l’Eglise. Il aimait rappeler l’épopée de la construction du groupe scolaire, l’adduction d’eau du bourg qui mit fin à la corvée d’eau à la fontaine du village, ses responsabilités de secrétaire de mairie et de directeur de l’une des premières maisons de jeunes du Cantal.

Farouche partisan de la mise à l’action des jeunes, il restait convaincu de l’efficacité de la méthode Freinet dont on mesure encore aujourd’hui chez de nombreux anciens de la vallée de la Sianne tout l’apport pédagogique et humain. Il reconnaissait avoir de la tendresse pour ses élèves et se préoccupait encore de savoir ce qu’ils étaient devenus.

La découverte en 1962 du premier tumulus de Lair de Laurie par deux de ses élèves est la conséquence directe de sa pédagogie. Cet événement aura été l’un des chocs déterminant de ses recherches archéologiques dont on peut se faire une idée à travers les livres et les nombreux articles qu’il a publiés à la fois dans la presse spécialisée comme celle du grand public.
Pendant plus de quarante ans Alphonse Vinatié a saisi toutes les occasions pour vulgariser ses découvertes sur la protohistoire de notre région et la période gallo-romaine. Il a suscité des émules chez les amateurs et les professionnels.

La création de l’Association Cézallier vallée de la Sianne en 2000 a été pour lui un vrai bonheur. Aussi a-t-il participé les dix dernières années de sa vie à toutes nos recherches. Il n’hésitait pas à nous accompagner sur le terrain, ouvrait ses archives, orientait nos travaux, assurant également conférences et animations des randonnées de découvertes patrimoniales. Son carnet d’adresses était aussi à notre disposition. Précieuse confiance et légendaire disponibilité que nous ne sommes pas prêt d’oublier.

Sa grande joie de ces dernières années aura été la reconstitution par l’association de sa classe des années 50 sur les lieux mêmes à Auriac-l’Eglise. Il avait pu à cette occasion rencontrer une cinquantaine de ses anciens élèves.
Pour beaucoup de personnes des Pays de Blesle, Massiac et Allanche, Alphonse Vinatié aura été un « porteur de mémoire ». Cà lui plaisait, car il croyait à la force de l’explication historique pour mobiliser les énergies dans la sauvegarde et la valorisation du patrimoine. Nous lui sommes très reconnaissants.
Jacques Hamon
Président ACVS

 

Stèle hommage sur le plateau de Lair (Laurie)

 

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